« Pour certains naturistes, la nudité peut devenir une opportunité spirituelle »

[Marc Bonomelli est journaliste indépendant, spécialisé dans l’étude du fait religieux et des nouvelles spiritualités. Auteur des Nouvelles Routes du soi. En immersion chez les nouveaux spirituels (Arkhê, 2022), il analyse dans une chronique mensuelle la spiritualité foisonnante de notre époque et la manière dont elle se réinvente. Des « néodruides » aux « soul surfers », ces nouvelles « routes du soi » semblent traverser tous les domaines, de la santé à la politique, en passant par le numérique, le développement personnel et, bien sûr, les religions.]
Sur la terrasse d’un hôtel à Tanger (Maroc), Nicola, une Italienne d’une trentaine d’années, commence à s’étirer. Gênée par le tissu empêchant la caresse du soleil brûlant d’un été marocain, elle regrette, dans un français approximatif et chantant, de ne pas pouvoir pratiquer le yoga « dans le nude », en raison des lois et mœurs du royaume.
Depuis cette terrasse, les côtes espagnoles semblent d’ailleurs si proches qu’on peine à croire qu’une mer nous en sépare. Le détroit de Gibraltar apparaît non seulement comme une démarcation entre deux continents, mais aussi comme une frontière entre deux attitudes vis-à-vis des corps. Tandis que sur notre rive, ils se couvrent parmi celles et ceux qui se prélassent sur le sable, à seulement trente minutes de bateau, la Costa de la Luz offre de nombreuses plages naturistes – notamment autour de la ville de Tarifa, où règne un esprit bohème, « hippie chic », qui se déploie à travers des offres de yoga, de soins énergétiques et autres thérapies holistiques.
C’est précisément dans le cadre d’une retraite holistique, c’est-à-dire visant à prendre soin de toutes les dimensions de son être (corps, âme et esprit), que Nicola a fait son baptême de naturisme en communauté – à Malte –, dans le cadre du projet « NAKED » (nu, en français), une offre d’expérience de vie communautaire lancée en 2014 dans divers pays européens.
A l’instar de nombreuses retraites modernes, l’intention affichée par cette initiative est « de permettre une connexion profonde avec soi-même, les autres, la nature et le monde », indique la foire aux questions du site Nakedtheretreat.com. On y propose divers outils familiers des explorateurs modernes du sacré : yoga, travail de la respiration, danse consciente ou extatique, « accords toltèques », communication non violente et même, pour les volontaires, des « touchers consensuels », pratiques de découverte de son corps inspirées du tantrisme.
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